dimanche 27 avril 2014

Randonnée concept : ascenseur émotionnel.

Hier, A. sa maman et moi partons pour une randonnée all day long du côté de M*****.

Arrivée au pré vers 11H, nous préparons les chevaux et partons vers 12H.

L'idée était d'aller rejoindre les anciennes colocataires de pré d'A. et sa maman.

Après plus d'une heure de marche et une pause déjeuner en bonne et due forme, nous voilà arrivées à la jonction entre le chemin de la balade et l'ancien pré des filles.









Nous voici un groupe de 7 cavalières, d'horizons largement différents.

Je me sens un peu comme une bête curieuse, avec mon gros de 4 ans en side pull et pieds nus. A. et sa maman sont également pieds nus et en side, mais j'ai quand même le plus jeune de la bande.

Balade mode PTV enclenchée, nous passons des ponts, des étendues de sable, des cailloux, des pentes, des côtes, de grosses flaques d'eau...

J'ai la satisfaction perfide de constater qu'Amadeus traverse ladite flaque géante sans discuter tandis qu'un de nos compagnes enrênées, ennasurées, saucissonnées "à mors" (hé hé) se retrouve propulsée par un saut de panique pour échapper à l'obstacle après s'être battue avec sa monture.

C'est petit, mais j'ai kiffé.

Bref, nous rejoignons notre destination, M*****, et sur place, A. sa maman et moi décidons de mettre pied à terre pour soulager les chevaux et faire une pause.

Après cette petite pause, A. me propose d'aller faire le tour des lieux pour passer des escaliers, des ponts de bois... Je la suis volontiers.

Nous voilà parties à monter et descendre des escaliers, des côtes, des pentes, laisser nos chevaux galoper à toute balle sur un vieux terrain vague. Le bon-heur.

Sur le retour A. me propose de passer par la rivière, et de la traverser. Toujours partante pour faire faire de nouveaux exercices à Amadeus, j'accepte avec enthousiasme.

Nous voilà donc entrant dans l'eau et traversant le lit pour aller rejoindre une petite plage qui remonte en douce vers la rive opposée.

C'est là que ça se complique. A. veut faire le tour pour remonter par la plage, mais Taylor s'enfonce avec les postérieurs, et décide de sauter directement sur ladite plage au lieu d'en faire le tour.

La plage a une largeur tout juste égale à la longueur de Taylor.

En sautant, il est allé se cogner la tête sur le tronc d'arbre en face et il a les postérieurs dangereusement au bord de la plage, prêt à glisser par l'arrière dans le lit de la rivière.

Je suis juste derrière et n'attends pas l'avertissement d'A. pour faire faire demi tour à Amadeus et attendre mon tour sur le petit promontoire de sable au milieu du cours d'eau.

Mais voilà, Amadeus s'enfonce terriblement et je le sens forcer pour dégager ses antérieurs et essayer d'atteindre la dunette.

Avec mon poids, il n'y arrive pas. Il essaie une fois, deux fois, mais n'y parvient pas.

Je me déporte vers l'arrière pour libérer son avant main mais c'est encore insuffisant. Je le sens s'écrouler sous moi dans le sable et arrêter de lutter.

Mon pied gauche est coincé dans l'étrier, je me bats pour me libérer et je descend aussi vite que possible.

J'ai de l'eau jusqu'aux cuisses mais je m'en fiche.

Amadeus est couché dans l'eau, les antérieurs pliés sous lui et du sable jusqu'au poitrail.

Il a la tête posée sur la dunette de sable et les yeux mi-clos.

Il ne fait pas même mine de se relever.

Je ne sais pas comment j'ai gardé mon calme. Quand je revois cette image de mon poney résigné, j'ai juste envie de pleurer.

Je monte sur la dunette de sable, tire légèrement mes rênes vers le haut et l'encourage. "Allez mon bonhomme, lève toi!".

Je suis dans un état second, je ne réfléchis pas.

Tout ce que je me répète c'est "Mon dieu mais comment on va faire pour le relever?".

Il a l'air profondément enfoncé dans le sable et je ne sais pas comment il va avoir la force de dégager ses antérieurs.

A mon appel, il se redresse et parvient aussitôt à monter sur la dunette.

Les 4 pieds sont hors d'eau, je respire.

Je regarde autour de moi. Pas question de le mener,  même à pieds, vers la plage qui monte en douce. Je sais maintenant que c'est trop profond et qu'on y arrivera pas. On est trop fatigués lui et moi.

J'avise en face une remontée creusée dans la rive, un peu abrupte mais accessible.

Je passe devant, de l'eau jusqu'au genoux et je tâte le terrain. Là, le sable est assez tassé, on ne s'enfonce pas.

Je me tourne vers Amadeus "Viens bonhomme, là c'est bon on peut y aller".

Amadeus me suit sans hésiter, dans le calme. Je passe sur le chenal de sable, et grimpe sur la rive.

Je lui laisse de la place pour pouvoir sauter sur la rive sans m'écraser à la réception.

Il saute, et à l'arrivée son pied gauche se plie par l'avant au dessus du paturon et j'entends un craquement sinistre.

Je retiens ma respiration mais Amadeus est debout, enfin au sec, et à l'air de bien se tenir.

Il est fatigué mais calme. Je l'observe et ne vois pas de signe de douleur, il se porte.

Je le fais marcher un peu, prise d'une sourde anxiété. Je me dis qu'il s'est cassé le pied, que j'ai tué mon cheval.

Mais non, il marche bien, pas de boiterie. Je fais le tour et constate un clip de la sacoche de randonnée défait. Je décide d'en déduire que c'est ce que j'ai entendu craquer.

Je prie pour que ce soit seulement ça. Dans le doute, sur les conseils de tout le monde, plutôt que de le laisser refroidir, nous repartons aussitôt pour le retour.

Au bout de 15 minutes je fatigue, je sens qu'Amadeus traîne, je décide de mettre pied à terre et de marcher une bonne demi heure au moins.

Ça m'a valu la surprise de nos acolytes harnachées qui n'ont pas vraiment compris l'utilité de ma descente puisque j'avais l'habitude de sortir régulièrement avec Amadeus, mais bon... Chacun voit midi à sa porte. J'aime autant ne porter aucun jugement.

Enfin, nous faisons une pause d'une vingtaine de minutes et laissons brouter nos poneys après avoir quitté nos compagnes de balade.

Après ce repos bien mérité pour tous, nous marchons encore un peu et remontons quelques centaines de mètres plus loin.

Amadeus, pourtant refroidi, n'a pas l'air de boiter et réclame même à trottiner.

Il est un peu reposé et je le sens mieux, mon inquiétude s'estompe un peu.

A 20 minutes de l'arrivée, d'un commun accord nous mettons toutes les 3 pied à terre et dessanglons.

Amadeus a vraiment l'air moins crevé et une fois arrivés au QG, je desselle aussitôt et le laisse libre de vaquer, après avoir soigneusement curé ses pieds.

Je reste inquiète et il me tarde d'aller le retrouver au QG cet après midi pour voir comment il va.

Cette balade était absolument magnifique. Plus de 5 h de randonnée pendants lesquelles Amadeus a été parfaitissime, en toutes circonstances.

J'ai eu très, très peur pour lui, pas une seule seconde je n'ai pensé à moi.

Plus jamais, j'espère, je ne le mettrai en danger comme ça. J'aurais du analyser. Je n'ai pas réfléchi avant d'agir.

J'aurais du faire le point sur le fond du lit de la rivière avant de m'engager.

Maintenant que c'est fait, c'est fait. C'était beaucoup d'émotions, et j'en ai rêvé toute la nuit.

La touche positive, c'est qu'Amadeus a encore été parfait.

Il a droit à du repos pour au moins une semaine je pense!

Poneychou, je suis tellement désolée..






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